Anaplasmose

Maladie infectieuse, non contagieuse, due à une bactérie, l’Anaplasma Phagocytophilum, transmise par les tiques du genre Ixodes (Ixodes Ricinus). Ces tiques vivent en moyen 3 ans, elles sont présentes partout en France sauf sur le littorale méditerranéen et à des altitudes > 1500 mètres.

Physiopathologie

Après son entrée dans l’organisme, la bactérie se multiplie dans les globules blancs, puis dans les globules rouges. Les défenses immunitaires du cheval sont réduites et la réponse inflammatoire générée est responsable des signes cliniques.

Symptômes

Hyperthermie et abattement, anorexie, ataxie, œdème distale des membres, pétéchies, tachycardie, polypnée. Les symptômes apparaissent entre 8 et 12 jours après l’inoculation par la tique, l’évolution clinique se fait entre 3 et 16 jours. Guérison rapide avec soins ou parfois spontanément. Rares cas de décès.

Diagnostic

  • NF, Biochimie, Frottis : leucopénie, thrombocytopénie, anémie, un ictère et des corps d’inclusions (morulae) dans les neutrophiles.
  • PCR : dépistages des infections actives, positivité 2 à 3 jours avant l’apparition des signes cliniques, persistance jusqu’à 4 à 9 jours après leur disparition.
  • Sérologie possible mais pas très intéressante ; les anticorps sont détectables environ 15 jours après l’infection avec un pic 1 mois après, et peuvent persister 1 à 2 ans, avec une baisse en générale entre 8 mois et 1 an.
  • Dans certaines zones endémiques la séropositivité est importante (jusqu’à 50%) ; il est donc conseillé de réaliser 2 à 3 prélèvements à 3-4 semaines d’intervalle à partir de l’apparition des signes cliniques pour observer la variation des titres d’anticorps.

Traitement et prévention

  • Traitement Oxytétracycline.
  • Traitement des pâtures et des chevaux contre les tiques en prévention.

Piroplasmose

Maladie parasitaire, non contagieuse, due à deux protozoaire, Theileria Equi ou Babesia Caballi, transmis par 3 genres de tiques : Dermacentor, Rhipicephalus et Hyalomma. Un passage transplacentaire est également possible. La majorité des équidés contaminés sont porteurs latents.

Physiopathologie

Après son entrée dans l’organisme, les piroplasmes se multiplient dans les globules rouges. La réponse inflammatoire générée est responsable des signes cliniques.

Symptômes

  • Phase aiguë : anémie, forte hyperthermie (> 40°), ictère, hématurie, œdème des membres, possibles complications cardiaques ou rénales, parfois coliques, symptômes nerveux, entérites, ataxies. Mort possible surtout pour Theileria.
  • Phase chronique : signes cliniques moins évocateurs et fluctuants, fatigabilité à l’effort et anémie chronique modérée.
  • Theileria peut présenter une phase chronique latente : les parasites ne sont plus visibles dans le sang mais ils se localisent dans la rate, le foie et la moelle osseuse et lors d’une baisse des défenses immunitaire le parasite peur réapparaitre dans la circulation.

Diagnostic

  • NF, Biochimie, Frottis : anémie, ictère, parasite par paire (Babesia) ou tétrade (Theileria) dans les globules rouges.
  • PCR : test de choix, persistance jusqu’à 8-10 jours après disparition des signes cliniques.
  • Sérologie : les anticorps sont détectables 7 à 21 jours après l’infection (pic après 1 à 3 mois), puis diminution progressive en 3 à 6 mois avec une persistance possible à un niveau faible si l’animal est porteur.
  • En cas de Theileria, les anticorps persistent très souvent à vie et en tout cas la diminution peut être longue (24 mois) avec un portage chronique du parasite, même avec un traitement lourd.
  • La négativité sérologique est demandée pour les exportations aux Etats-Unis, Canada et Japon.

Traitement et prévention

  • Traitement Carbesia (Imidocarb).
  • Traitement des pâtures et des chevaux contre les tiques, retirer les tiques.

Borréliose (Maladie de Lyme)

Maladie infectieuse, non contagieuse, due à la Borrelia Burgdorferi, transmise par une tique du genre Ixodes. Les puces, les moustiques et les taons peuvent également être vecteurs. C’est une zoonose.

Physiopathologie

Les bactéries restent dans le derme plusieurs jours (érythème visible chez l’homme), la bactériémie est en général courte et transitoire avant de se localiser dans différents organes.

Symptômes

  • Forme systémique : fièvre légère, léthargie, anorexie, amaigrissement chronique et fonte musculaire, raideur, boiterie intermittente, distension synoviales (polysynovites), uvéite, avortement, troubles du comportement.
  • Les symptômes peuvent se présenter plusieurs mois après l’inoculation de la bactérie.
  • Formes cliniques localisées : neurologiques, cutanées (Pseudolymphome, Pododermatites), uvéites (souvent associées à une forme nerveuse).
  • Les formes asymptomatiques restent fréquentes.

Diagnostic

  • PCR : négative sur sang. Selon les formes : sur biopsie cutanée, sur vitré, sur liquide céphalorachidien et/ou tissu nerveux – mais pas sensible.
  • Sérologie : les anticorps sont détectables 3 à 6 semaines après l’infection (avec un pic à 3 mois environ) et persistent dans le cheval entre 1,5 mois et > 2 ans (pour la majorité entre 12 et 18 mois), sans diminution du taux d’anticorps après traitement.
  • Immunoblot plus spécifique qu’ELISA.
  • Possibilité de faire deux sérologies à 3-6 semaines d’intervalle en début de séroconversion pour suivre la cinétique des anticorps.
  • Il n’y a pas de corrélation entre séroconversion et maladie. Pour les formes neurologique la sérologie est souvent négative.
  • (Séroprévalence en France : 48%).

Traitement et prévention

  • Traitement Oxytétracycline.
  • Traitement des pâtures et des chevaux contre les tiques, retirer les tiques.

Leptospirose

Maladie infectieuse, due à Leptospira, avec plusieurs sérogroupes (ex : Interrogans, zoonose ; Ictérohaemorrhagie, plus pathogène). La bactérie peut survivre longtemps dans l’eau et le sol, surtout à des températures autour les 20 °C. Les hôtes des Leptospire c’est les rongeurs, qui contaminent l’eau et les sols avec leur urine. C’est une zoonose : les chiens sont également très sensibles (vaccination possible).

Physiopathologie

Ingestion d’eau ou d’aliments contaminés ou infection par voie transcutanée. Les leptospires transitent dans le sang et peuvent se localiser dans le foie, les reins, la rate, le SNC, le tractus génital, le placenta, les yeux… et les chevaux contaminés peuvent devenir excréteurs à travers l’urine, le lait, le sperme, les avortons,… plusieurs semaines à plusieurs mois après la contamination.

Symptômes

  • Forme systémique peu spécifique : fièvre, dépression, anorexie, ictère, hémoglobinurie, pétéchies – 2 semaines.
  • Nombreux organes cibles et nombreux formes cliniques localisées possibles :
    • Rénale aigue (surtout les poulains).
    • Hépatique.
    • Pulmonaire, avec des hémorragies pulmonaires importantes (sur les poulains et les adultes).
    • Uvéites.
    • Avortement/mortinatalité.
  • Plus souvent subclinique et d’évolution bénigne.

Diagnostic

  • PCR : dans le sang pendant les 10 premiers jours, dans les urines (excrétion intermittente) après les 10 premiers jours, combiné sang/urine, dans le vitrée, dans les avortons et/ou placenta, dans le liquide céphalo-rachidien.
  • Sérologie : Les anticorps sont formés 15 jours après l’infection, il est nécessaire de réaliser 2 prélèvements à 15 jours d’intervalle en phase aiguë ou pour suivre la cinétique. Ils persistent ensuite entre 6 mois et > 2 ans. Un cheval est considéré positif pour un titre supérieur à 200, mais un titre supérieur à 800 avec une clinique évocatrice est le signe d’une infection active.

Traitement et prévention

  • Traitement pénicilline ou Oxytétracycline pendant 7 jours..
  • Prévention : lutte contre les rongeurs, drainage des prairies humides, assainissement ou suppression des eaux stagnantes.

Résumé pour le diagnostic

PCRSérologie
ANAPLASMOSEXPas d’intérêt
PIROPLASMOSEXPour Theileria en phase chronique latente
MALADIE DE LYMEJamais sur sangX
(Western Blot, suivi cinétique Ab)
LEPTOSPIROSESur sang dans les 10 premiers jours
Sur autres liquides biologiques après les 10 premiers jours
X
(Significatif à > 800)

Résumé et considérations pour les traitements

Carbesia

  • Babesia Caballi : 2,2 mg/kg IM 2 fois à 24 heures d’intervalle (communément fait à 48 heures).
  • Theileria Equi : 4,4 mg/kg IM 4 fois à 72 heures d’intervalle ; les signes cliniques disparaissent, les chevaux restent souvent porteurs.
  • Etude 2014 : une dose à 2,2 – 4,4 mg/kg suivie de 2-3 doses plus faibles toutes les 24-72 heures ; efficace pour améliorer les signes cliniques.

Effets indésirables : hypersalivation, sudation, coliques, diarrhée, bronchoconstriction (10 minutes après l’injection, pendant 2 heures) ; réactions locales.

Possibilité d’associer des antispasmodiques et/ou des antidouleurs en cas d’effets indésirables ou en prévention (15 minutes avant).

DL50 : 16 mg/kg, mais attention pour ânes et mulets (4 mg/kg)

Usage préventif contre-indiqué ! Développement de résistance au traitement.

Tetracycline

Pour Anaplasmose, Maladie de Lyme (et Leptospirose).

Dose AMM = 5-10 mg/kg 1 fois/jour. Pour Anaplasmose : 7 mg/kg 1 f/j IV 5 à 7 jours. Pour Maladie de Lyme : 10 mg/kg 2 f/j c’est recommandé, minimum 10 jours.

(Doxycycline en poudre par voie orale : pas d’AMM, absorption intestinale limitée, interférences possibles de l’absorption)

Des effets anti-inflammatoires, antioxydants, immunomodulateurs, pro-anabolisants et anti-catabolisant sont observés en médecine humaine ; explication de l’amélioration clinique après traitement empirique sur les chevaux.

Effets indésirables : néphrotoxique, hypotenseur (cas de morts sous la seringue), diarrhée profuses, entérocolite (surtout avec emploi concomitant d’autres antibiotiques ou en cas de stress), phlébites.

Usage préventif contre-indiqué ! Développement d’antibio-résistance.